L’atelier Dynamo à Nancy et le Collectif Vélos en Ville (CVV) à Marseille ont chacun profité de l’été pour déménager. A l’étroit dans leur atelier respectif, ces deux associations ont trouvé un nouveau lieu d’implantation sans bénéficier de l’appui de leur communauté urbaine, qui fait la sourde oreille...

la débrouille face à l’incompréhension des élus

Cela faisait longtemps que le Collectif Vélos en Ville sollicitait la Communauté Urbaine de Marseille et que l’atelier Dynamo cherchait à se faire entendre auprès de la Communauté Urbaine de Nancy. Mais dans les deux Cas les CU n’ont pas bougé.

Ces deux associations ont pourtant démontré leur utilité sociale. Chacune implantée dans des quartiers populaires de centre-ville, elles ont réussi à battre des records d’accueil du public dans des espaces confinés. Pour les autres ateliers de France, avec plus de 900 adhérents chacune, elles sont un modèle d’optimisation !

Forts de leur popularité et à force d’être ignorés, Dynamo et le CVV ont fini par trouvé eux-mêmes une solution. Le prix du loyer est trois fois plus élevé que ce qu’ils pouvaient payer auparavant.... mais au moins, ils disposent de plus de 100 m² pour accueillir les cyclistes qui viennent réparer leurs vélo dans de meilleurs conditions! Pendant l’été, ils ont fait appel à leurs bénévoles pour remettre en état leurs nouveaux locaux et déménager l’atelier.

Des projets solidaires tournés vers les quartiers populaires

A Marseille on passe de la rue d’Aubagne à la rue Moustier, 200 mètres qui feront dire à certains que cela change tout alors que d’autres diront que c’est pareil. Toutefois, le quartier reste un des plus défavorisés de Marseille et cette nouvelle localisation devrait renforcer l’approche sociale de l’association qui œuvre pour une transformation des modes de transport urbain.

Le CVV propose une adhésion volontairement basse pour attirer un autre public que celui, trop souvent décrié, du vélo-écolo-bobo. L’objectif avec le développement d’un service permettant l’accès à la bicyclette à faible coût, est de faire de ce véhicule un générateur de lien social au sein du quartier entre les communautés et les classes sociales.

A Nancy, l’atelier Dynamo quitte un quartier plutôt hétérogène, à deux pas du "quartier magrébin", qui mélangeait logements sociaux et appartements bourgeois. L’association aménage dans un bâtiment du XVe siècle au cœur d’un quartier "en voie de bobo-isation" où l’objectif de l’association sera de parvenir à faire se rencontrer les cyclistes modestes qui venaient dans l’ancien local et les étudiants qui habitent autour du nouveau.

Des déménagements réalisés par de (vénérables) bénévoles

Dans ces deux villes, les projets associatifs se tournent vers les «populations hypomobiles », celles qui se déplacent peu parce qu’elles n’ont pas les moyens ou qu’elles réduisent leurs motifs de déplacement. A Nancy comme à Marseille on se tourne vers les jeunes des quartiers populaires pour faire découvrir les vertus de la bicyclette.

Dans ces deux agglomérations, les élus semblent croire que l’investissement dans les systèmes de vélo en libre service se suffisent à eux-mêmes, et l’on donne bien peu de crédit aux associations. Dans la cité phocéenne, le bruit des moteurs ne permet pas d’entendre la clameur populaire qui appelle à plus de bicyclette; et en Meurthe-et-Moselle, la communauté urbaine néglige sa dimension humaine et délaisse les projets d’économie sociale et solidaire qui, heureusement, parviennent à trouver un soutien auprès du conseil général.

Dans les deux cas, ce sont les bénévoles qui ont fait la différence, démontrant que "là où il y a une volonté, il y a un chemin"... ou une piste cyclable!