La ville de Montrouge inaugurera le samedi 6 juillet 2019 les allées Jean-Jaurès, fruit d’un réaménagement de l’Avenue Jean-Jaurès. Si l’association MDB Montrouge salue l’esprit du projet, visant à verdir la ville et permettre aux piétons de se réapproprier l’espace public, elle regrette la piètre qualité de l’aménagement cyclable ainsi que l’absence totale de concertation autour du projet.

Il en
résulte un aménagement discontinu, inaccessible, dangereux et donc
inutilisable par les cyclistes tout en conservant la même place pour
la voiture. Pourtant, le taux d’équipement automobile des ménages
est en baisse à Montrouge1
et la pression est de plus en plus forte sur les solutions de
mobilité durable alternatives : transports en commun, vélo et
marche.

L’unique
réunion publique a pourtant permis de pointer les besoins des
cyclistes, lesquelles ont mis en avant le fort potentiel cyclable de
cet axe (notamment pour des trajets domicile-travail), qui fait la
liaison entre les métros 4, 13 et la future ligne 15, avec une
ouverture sur la ville de Paris au Nord et sur les aménagements
cyclables le long du tramway T6 et la Coulée Verte au Sud
(respectivement 500 et 900 cyclistes par jour2).

Malgré
les multiples sollicitations de
MDB Montrouge, la ville
est restée figée sur cet aménagement et offre ainsi à ses
citoyens un aménagement trop
peu ambitieux pour répondre aux défis actuels de mobilité
durable : lutte contre la pollution de l’air, contre la
pollution sonore, réorganisation de l’espace dans des villes
particulièrement denses au profit des mobilités actives.

Un aménagement source de conflits entre piétons et cyclistes

L’aménagement
sur trottoir, sans distinction franche entre les espaces dédiés aux
vélos et aux piétons sera inévitablement source de conflits,
pourtant faciles à éviter. Ces conflits sont pourtant parfaitement
connus et assumés : « les voies cyclables sur trottoir sont
par définition à partager avec d’éventuels piétons et
les cyclistes devront adapter leur vitesse à cette
cohabitation » et « pour les « vélotaffeurs »
pressés, il convient de circuler sur la route. » écrivait
ainsi M. Péna, paysagiste en charge du projet, dans le journal
municipal en septembre dernier3.
L’importance de la fréquentation des allées Jean-Jaurès, générera
des conflits qui dissuaderont
les cyclistes
d’emprunter ces
pistes cyclables. Les « vélotaffeurs » devront donc se
passer d’un
aménagement sécurisé alors que leur
absence est un frein
majeur à
la pratique du vélo pour 90% des usagers4.

D’autre
part, et contrairement aux engagements pris par la municipalité3,
la largeur de la piste cyclable, tout comme l’espace dédié aux
piétons, ne respecte pas les préconisations des experts de
l’aménagement (CEREMA).5
Ces recommandations sont pourtant formulées afin de garantir une
bonne cohabitation entre les usagers et de faciliter la circulation
en toute sécurité des personnes à mobilité réduite ou en
situation de handicap.

Des espaces piétons inférieurs au strict minimum préconisé par le CEREMA

Un aménagement inaccessible, discontinu et dangereux pour les cyclistes

En
complément de la
problématique de la cohabitation piétons / vélo, viennent
s’ajouter certaines dispositions prises par la municipalité rendant
la
piste
cyclable particulièrement inconfortable. On pourra ainsi noter la
présence de potelets au milieu des accès aux pistes, une
discontinuité de l’aménagement au droit des intersection et un
manque de visibilité des
vélos
par les automobilistes
au niveau
des traversées piétonnes.

Pourtant,
ce même type d’aménagements, retenu il y a une dizaine d’années
lors de la réalisation de la piste cyclable du boulevard des
Maréchaux, a été largement repris récemment par les mairies des
13e et 14e arrondissements parisiens, face aux problèmes posés par
cette infrastructure6.

Entrée et sortie de piste non aménagée

Un aménagement qui reflète la vision de la ville de Montrouge en matière de mobilité cyclable

Cet
aménagement est profondément inadapté aux flux de cyclistes sur
des trajets du quotidien, et est donc bien en-deçà des perspectives
de croissance de déplacements cyclables.

Pourtant
la ville se fixe d’importantes ambitions en matière de mobilités
actives : le plan vélo récemment dévoilé7
affiche l’ambition d’avoir 64% de la voirie équipée en
infrastructures cyclables d’ici 2020 et une hausse de la part modale
du vélo. L’association MDB demande que la ville de Montrouge
l’associe à la définition du plan vélo – et des aménagements qui
en découlent – pour défendre l’intérêt des cyclistes et des
habitants de la ville à disposer d’aménagements de qualité et
sécurisés.

Cette demande est d’autant plus motivé qu’elle traduit les efforts à réaliser pour que Montrouge devienne cyclable. A l’issue d’une enquête nationale diligentée par la FUB, la ville de Montrouge s’est vue attribuer la note « F » (sur un classement allant de A+ à G) au bilan « Parlons vélo » de la FUB de fin 20178. Un grand nombre d’observations recueillies à cette occasion9 concernaient notamment l’Avenue Jean-Jaurès et les abords de la mairie.

Alors que
se projette un réseau vélo francilien structurant, qualitatif et
ambitieux, élaboré par le Collectif vélo Ile-de-France et soutenu
par la Région île-de-France10,
la ville de Montrouge reste figée dans le temps en réalisant ici un
aménagement discontinu, inadapté pour la croissance des
déplacements à vélo et opposant les mobilités actives comme la
marche et le vélo. Pourtant, de par sa faible étendue (207 ha), sa
position géographique aux portes de Paris et des transports en
commun saturés, le terreau est particulièrement propice pour un
développement du vélo urbain dans la ville. L’association appelle
donc de ses vœux un sursaut de la municipalité pour poursuivre le
réaménagement urbain de la ville en le rééquilibrant au profit
des mobilités douces.

1De
57 % en 2011, il n’était plus que de 53.6 % en 2016
(INSEE).

2https://www.hauts-de-seine.fr/fileadmin/presse/communiques/Cadre_de_vie/CP_Frequentation_Cyclistes_decembre_2018.pdf

3Montrouge
Mag’ numéro 130, page 37,
https://www.ville-montrouge.fr/uploads/Epublication/6b/63_177_Montrouge-Mag-130-Web.pdf

4Club
des villes et territoires cyclables, étude « Les Français et
le vélo en 2012 »

5Fiche
26 « Piétons et cyclistes : quelle cohabitation dans l’espace
public ? » du CEREMA,
https://www.cerema.fr/fr/centre-ressources/boutique/velo-amenagements-recommandations-retours-experiences

6Diagnostics
réalisés par l’Agence de la Mobilité en mai 2016 pour le 13e
arrondissement et la Direction de la Voirie et des Déplacements en
juillet 2016 pour le 14e arrondissement.

7Montrouge
Mag’ numéro 134, page 22,
https://www.ville-montrouge.fr/uploads/Epublication/93/73_534_Montrouge-Mag-134_web.pdf

8https://granddebat.parlons-velo.fr/Montrouge
(92) A4.pdf

9https://granddebat.parlons-velo.fr/Montrouge
(92) redac.pdf

10Communiqué
de presse du Comité vélo Ile-de-France du lundi 11 mars 2019.