La Cyclofficine de Paris #metoo

 

Eh oui, on a beau militer contre le sexisme, on n’est pas plus à l’abri pour autant.

Deux adhérentes de la Cyclofficine de Paris ont été agressées sexuellement par un adhérent se revendiquant féministe. Pour rappel, plus de 80% des agresseurs viennent de l’entourage proche de la victime.

 

Notre message est clair. Avant tout soutenir les victimes. Assumer publiquement les faits. Écouter l’agresseur. Agir pour que ce type de situation ne puisse plus se reproduire.

 

 

Rappel des faits :

Deux adhérentes de la Cyclofficine de Paris ne se sentent plus en sécurité dans notre collectif depuis qu’elles ont subi une agression sexuelle par un autre adhérent de l’association. Ces agressions ont eu lieu hors des ateliers, il y a de cela quelques mois. Suite à ces agressions et à cause de la présence régulière de l’adhérent-agresseur dans les ateliers, une des adhérentes agressées a décidé de ne plus fréquenter notre collectif. L’autre adhérente a pris sur elle et a continué son engagement à nos côtés. La situation n’ayant trouvé aucune issue par le dialogue entre les victimes et l’agresseur, une des adhérentes a fini par exposer le problème à des membres de la Collégiale de l’association afin de trouver une solution pour qu’elles retrouvent sécurité et sérénité dans notre collectif.

 

Cette situation nécessitait un positionnement et une réponse. Après des discussions informelles entre des membres de la Collégiale et une des personnes agressées, nous avons convoqué à sa demande, un Comité d’Autogestion Extraordinaire afin de prendre des mesures au sein du collectif pour protéger les personnes agressées et plus largement les adhérent·e·s de l’association.

Ce Comité d’Autogestion Extraordinaire s’est tenu le 7 mai dernier en présence d’une dizaine d’adhérent·e·s de l’association, de deux facilitatrices/médiatrices extérieures ainsi que de l’une des personnes agressées. L’autre personne agressée a envoyé un texte qui a été lu devant tout le monde lors de la réunion. L’agresseur n’’était pas présent, bien qu’ayant été invité personnellement et ayant reconnu les faits par ailleurs.

 

Positionnement de la Cyclofficine :

La Cyclofficine est une association d’éducation populaire engagée contre toute forme de discrimination et de violences commises sur des personnes en raison de leur couleur de peau, de leur genre, de leur orientation sexuelle… La possibilité donnée à chacun·e de s’investir dans l’association est une valeur cardinale de notre projet associatif.

Tout comportement qui empêche nos adhérent.e.s de se sentir en sécurité dans nos ateliers est une atteinte à la volonté de promouvoir l’égalité, l’intégrité, le respect et l’engagement de tou·te·s.

 

Le machisme, le sexisme et les violences sexualisées doivent être bannis de notre collectif et plus largement de notre société. En tant que lieu de changement social, nous ne tolérons pas qu’un·e de nos adhérent·e·s ait un comportement contraire aux valeurs que nous défendons au quotidien.

Ce comportement, en plus d’être répréhensible et avilissant, empêche des énergies de participer à notre collectif !!! Il constitue une entrave contre lequel nous devons agir !!!

 

 

RELEVÉ DE DÉCISIONS :

Après deux heures de discussion, l’assemblée présente le 7 mai réunissant les deux médiatrices, une dizaine d’adhérent·e·s/ bénévoles ainsi que le quorum de la Collégiale nécessaire à la prise d’une décision collective [c.à.d. au moins six membres élu·e·s en Assemblée Générale] a voté les décisions suivantes :

 

  • L’exclusion de l’adhérent-agresseur en tant que membre de la Cyclofficine de Paris.

 

  • Cette exclusion prend effet dès le 7 mai et pourra être réexaminée au bout d’1 an. A l’échéance de cette année, à la demande de l’adhérent-agresseur et au vu de son travail effectué sur cette question, le CA, en accord avec les personnes agressées, étudiera la situation et statuera sur son retour ou non. Au-delà des aspects liés à l’agresseur, la Cyclofficine souhaite accompagner les victimes si celles-ci le souhaitent, dans l’objectif de limiter le poids de la responsabilité sur celles-ci. 

  • L’exclusion d’un.e membre de l’association est prévue dans l’article 7.A des statuts  : « Radiation prononcée par la collégiale pour [...] motif grave allant à l’encontre de la charte et portant préjudice moral ou matériel à l’association ou à tout-e adhérent-e dans le cadre des activités de l’association, l’intéressé·e ayant été invité·e à fournir des explications devant la collégiale et/ou par écrit. »

 

  • La Publication d’un communiqué sur notre site déclarant la position de la Cyclofficine face à ce type de situation. 

 

  • Le placardage d’affiches sur la question des violences faites aux femmes et aux « minorités » dans nos ateliers.

 

  • La mise en place d’un SOUTIEN pour les personnes agressées le souhaitant afin de les aider à se sentir mieux à la Cyclofficine. Des personnes seront nommées comme interlocuteur·ices privilégié·e·s.

 

  • UN TRAVAIL EN PROFONDEUR pour traiter les autres propositions qui ont émergées lors de ce Comité d’Autogestion Extraordinaire (théâtre forum, arpentage/ lectures partagées, etc.), afin de faire un travail commun sur les questions des violences sexuelles et des enjeux de domination (de genre notamment) ainsi que pour mieux connaître les outils de prévention et de réactions face à ce type de situation.

 

  • Nous profiterons de notre prochaine Assemblée Générale du 6 juin pour un débat sur les rapports de domination pouvant intervenir au sein du collectif.

 

La Cyclofficine remercie les personnes médiatrices d’avoir accompagné cette démarche au sein de l’association. Leur présence a permis à l’ensemble des personnes présentes lors du Comité d’Autogestion Extraordinaire du 7 mai de prendre la parole sur un sujet qui reste difficile à aborder pour tou·te·s.