Lettre aux adhérent.e.s

Premièrement :
Réserve ton 15 décembre. À partir de 19h, rue de Londres, c’est le repas de Noël du p’Tit véLo. Il y aura à boire sur place. Apporte un petit cadeau et à manger, et deux ou trois morceaux de musique si on
danse autour du poêle.

Deuxièmement :
C’est dimanche. Il pleut. J’aimerais pas crever un dimanche : c’est le jour où les ateliers du p’Tit Vélo sont fermés à coup sûr. Sauf coup de bol, un bénévole qui passe par là, ou Mitchoum qui se réveille d’une sieste à l’intérieur et qui t’ouvre, sourire ensommeillé. Enfin, bref, un dimanche comme aujourd’hui, faudrait même pas sortir.

J’aimerais pas que le p’Tit Vélo crève un dimanche. Ça me ferait mal, il n’y aurait peut-être personne pour se réveiller de sa sieste.

Ici (5bis, rue de) Londres, les réserves de soupe à l’oignon s’amenuisent, la chaîne est usée à mort et y’a plus de graisse dans les roulements. Ici Londres, on voudrait pas crever un dimanche. On a plein de choses à vivre ensemble, plein de vélos bizarres à faire sortir d’une cabine de soudure toute neuve, plein d’autres cyclistes à sauver du naufrage en les rendant vélonomes, plein de véloparades en réserve pour bloquer joyeusement des carrefours et c’est pas quelques bilans bassement financiers qui doivent nous tordre un pneu ou nous voiler le moral. Pas vrai ?

Si, si : vrai. Mais voilà, on a beau aligner un bilan moral au beau fixe, les finances sont têtues. On perd du fric depuis plusieurs années. On avait de la marge, au début, et de l’espoir, mais cinq ans plus tard on a bouffé toute la galette. Après les années de croissance immodérée (de 800 adhérent.e.s en 2007, on était 2400 en 2012 !) la redescente nous est tombée dessus comme un cadeau aigre-doux : les ateliers sont moins saturés, et c’est bien. Mais avec 1250 adhérent.e.s en 2017, on mouline pour payer les salaires (quatre CDI et un CAE, tous à temps partiel) et le loyer. Cette année, le tarif minimum d’adhésion est passé à 20€, les pièces détachées sont à prix libre plutôt qu’en accès libre, le remontage de vélos a été mis en priorité pour faire rentrer des sous à la rentrée (beaucoup de personnes adhèrent en effet afin de pouvoir acheter un vélo) mais pour la toute toute première fois, on reste avec des vélos invendus sur les bras, les adhésions continuent à baisser, et la fin de l’année sent la gamelle. Y’a sûrement des raisons, des vélos pas chers des grandes surfaces aux tarifs subventionnés des métrovélos en passant par notre légendaire qualité d’accueil aléatoire ou peut-être que nos biclous sont trop bringuebalants ou que les jeunes, ces fainéants, veulent plus bricoler pour pas tacher de cambouis l’écran tactile de leur téléphone portable. On pourrait même accabler la déferlante des vélomoteurs électriques avec une mauvais foi crasse, pour expliquer notre infortune.

Les raisons, on peut en chercher tant qu’on veut : ça va pas équilibrer les comptes de l’année 2017, estimés à moins 15000€ -à peu près tout ce qui restait en banque- et si on n’y fait rien, on sera en cessation de paiement en juillet 2018.

On va pas rester là, les bras ballants, si ?

Non. Parmi les mesures pour éviter le naufrage, on a décidé de supprimer un poste d’animateur atelier. En clair, on va licencier un salarié, et autant vous dire qu’aucun de nous au C.A. n’imaginait en arriver là dans sa carrière d’employeur bénévole.

On va aussi parler à la métropole et à la mairie, pour leur suggérer de nous aider à passer ce cap. Le p’Tit véLo a toujours fonctionné à plus de 80 % en autofinancement, autant par manque de goût pour le
remplissage des dossiers de subvention que par volonté d’indépendance. On n’a pas changé d’avis sur la
question, mais pour le moment, on va s’appliquer à ne pas crever.

Et puis on va faire appel à vous, cyclistes qui avez adhéré au tarif minimum, parce que ce jour-là vous
n’aviez que vingt euros en poche, en vous disant que vous compléteriez plus tard. Plus tard, ça pourrait être maintenant, si vous avez un peu de ronds.

Et vous, cycliste, qui avez adhéré il y a quelques années et recevez encore nos mails. Vous n’avez pas eu le temps de passer cette année, ou pas eu de panne et tant mieux. Encore plus dingue : vous n’avez plus besoin de l’atelier car, grâce à lui, vous êtes vélonome ! La roue tourne : c’est l’atelier qui a besoin de vous et de votre ré-adhésion (Seuls 15 % des adhérents ré-adhèrent l’année suivante).

Si vous avez d’autres idées, on prend. Si vous pouvez passer le mot, on est ravi.e.s ! On prend tout ce qui nous donnera de l’énergie pour tenir, prospérer, rester inventifs et curieux, améliorer l’accueil, la convivialité, faire des animations, on vous veut, vous, car sans vous on ne serait rien.

Et à part ça ? On va vendre de la bonne bière à la pression à la super soirée de Noël du 15 décembre ! De cette manière, si vous aimez la bière, vous n’aurez même pas l’impression de faire un effort pour votre asso préférée. Allez on se retrouve au bar ?

Bisous, et bonne rue

La direction collégiale du p’Tit Vélo