Forts de notre expérience de trois ans sur notre atelier de Martigues et de un an et demi déjà sur notre atelier d’Istres, nous pouvons tirer quelques conclusions, également nous poser quelques questions. Un atelier pour qui ? Quelle utilité pour les habitants ? A-t-il un impact pour la conversion au tout vélo des habitants ?

Il nous semble que la charte adoptée par l’association l’heureux cyclage convient très bien à nos ateliers : favoriser la pratique du vélo au quotidien. Remettre en circulation des vélos délaissés, réemployer les pièces détachées et recycler les matières premières. Échanger les savoir-faire pour favoriser l’autonomie des cyclistes : la vélonomie.

Il s’agit donc de faciliter l’entretien de son vélo en proposant l’accès à un espace dédié avec l’aide de personnes compétentes.

Il s’agit également de remettre en circulation des vélos inutilisés déposés par des particuliers qui n’en ont pas l’utilité.

Sur nos deux ateliers, douze personnes sont particulièrement assidues pour retaper des vélos et quelques personnes viennent lorsqu’elles ont un ennui mécanique sur leur bicyclette. À Martigues, ce sont les enfants du quartier centre ville qui arrivent avec leur vélo cassé, nous en profitons pour leur inculquer les gestes de base qui sauvent leur vélo malmené.

De nombreux vélos nous sont rétrocédés, pour la plupart assez anciens, et donc passés de mode. Nous les révisons, les remettons dans le meilleur état possible avec des pièces venant d’autres bicyclettes, sauf câbles et gaines qui sont remplacés par du neuf.

Alors des vélos d’occasion pas chers, pour qui ?

Pour des personnes qui ont besoin d’un vélo pour se déplacer ou pour le loisir, elles ne sont pas sensibles à l’aspect esthétique et elles ne veulent pas le payer trop cher, pour diverses raisons.

Nous avons donc des travailleuses et travailleurs, des familles qui veulent équiper leurs enfants et depuis deux ans des réfugiés en mal de mobilité, ces personnes n’ont pas d’auto, un budget limité et la bicyclette est un bon moyen de déplacement. Nous avons pu sortir de nos ateliers plus d’une centaine de vélos pour cela.

Cela leur permet de se rendre à leur travail, ou d’aller en centre ville, bien souvent hors horaires bus. Il faut s’imaginer sans auto à disposition, comment fait-on ? Les villes se sont agrandies, les lieux de travail sont plus éloignés, excentrés, c’est le vélo qui permet alors la mobilité.

Plusieurs personnes se questionnent sur notre action : « vous vous donnez un rôle social alors que ce n’est pas l’objet de votre association ». Notre objectif étant, rappelons-le, de faire la promotion de l’utilisation de la bicyclette pour se déplacer.

Nous essayons donc de fournir des vélos à toutes les personnes qui nous en font la demande, et ce, à prix modéré.

Nous avons le plaisir de voir circuler en ville à vélo, des ressortissants Soudanais, Érythréens, Afghans, Syriens, et de bien d’autres nationalités. Cela augmente sensiblement le nombre de cyclistes en ville, c’est tout à fait le sens de notre action.

Notre espoir est de ne plus voir que des vélos et piétons en ville, vœu utopique mais qui nous fait avancer.

À Martigues, nous sommes aidés par la MJC pour proposer des vélos à tarif très réduit, à Istres, nous sommes partenaire avec l’AFPA.

Le foyer ADOMA de Croix-Sainte a vu soudainement arriver de nombreux vélos et a fait construire depuis un abri à vélos.

L’investissement de nos mécanicien·ne·s est important et intense, il nous faut sortir au moins deux vélos par semaine (1 sur Istres et 1 sur Martigues). Nos mécanos ont bien conscience qu’il ont un rôle utile pour la communauté , comme dans beaucoup d’associations et ils en retirent du plaisir et de la satisfaction.

Rappelons que nos ateliers sont ouverts à toutes et tous, sous réserve d’être à jour de l’adhésion à l’association.

Pour prendre du plaisir à pédaler, la bicyclette doit être entretenue.

Rappelons également que nous sommes opérateurs du marquage BICYCODE, le code qui permet de retrouver le propriétaire d’un vélo volé et retrouvé.