Rue Paradis 1Le fait est assez rare pour qu’il puisse être remarqué et nous en profitons donc pour le dire : l’aménagement de la rue Paradis est une réussite même si tout n’est pas parfait surtout en 2017.
Retour en image sur un aménagement symbolique à Marseille qui serait peut être précurseur d’un changement plus profond du centre ville de Marseille.

Pour la petite histoire, notre association, le Collectif Vélos en Ville avait pointé du doigt il y a deux ans cette rue du centre ville et l’avait renommée Rue Paradis des Voitures, enfer des piétons. C’est en effet dans cet article que nous dénoncions l’omniprésence de la voiture au détriment des modes actifs de transport que sont le vélo et la marche à pied. Et c’était il y a maintenant presque quatre ans que nous avions fait remarquer que cette rue, séparait deux zones de rencontres distinctes au lieu de les unir pour former une seule zone cohérente.

Enfin, depuis le début des réflexions du réaménagement de cette voie de circulation, le Collectif Vélos en Ville a contribué par deux fois à apporter ces remarques non pas parce qu’il a été consulté mais parce qu’il a, encore une fois, été vigilant et pro-actif.

 

Rue Paradis stationnement voitureAu rayon vélo des bonnes choses

* Un aménagement globalement de bonne qualité : visuellement il ne fait pas de doutes que la rue porte beaucoup mieux son nom aujourd’hui surtout quand on pense à la valeur de celle-ci quand on joue au monopoly.

* Des trottoirs élargis : là encore de larges trottoirs ont été aménagés pour ménager clients et commerçants, car ne nous le cachons pas ce n’est pas la mobilité des vélos qui est au cœur des préoccupations des décideurs mais celle-ci jouit des effets de bords

* Le parti pris de la rotation à haute fréquence des places de stationnement voiture avec un système de compte à rebours plutôt efficace. Quand on sait que les places de parking sont dans 99 % des cas utilisées pour stocker des véhicules qui sont immobiles 95 % de leur temps, il était intéressant de permettre un stationnement intelligent qui privilégie l’utilisation des places par des clients durant la journée.

Rue Paradis Trottoirs* Le parti pris et le courage de ne pas installer de potelets à l’ouest laissant aux marseillais et à la police municipale leurs responsabilités : Alors là, il faut dire qu’il y a du courage de la part de l’aménageur et on le félicite. C’est un constat partagé par tout le monde, toute surface non-protégée par des potelets est une surface de stationnement automatique pour les voitures. Dans l’imaginaire du marseillais on peut se garer n’importe où. Il faut dire qu’en répandant dans toutes les rues de Marseille des panneaux indiquant « stationnement autorisé à cheval sur le trottoir », la mairie n’a pas aidé ses administrés à comprendre l’article R417-11 stipulant qu’il est considéré comme très gênant de se garer sur un trottoir.

Rue ParadisStationnement vélo* des parkings vélos relativement nombreux (dont un très mal foutu), des parking deux roues motorisés pour contenir l’invasion et des places de voitures globalement en diminution.

* Un double sens cyclable relativement visible : Certes, réaliser un aménagement cyclable est une obligation légale quand vous faites ou refaites un aménagement de voirie mais nous savons tous qu’une fois sur deux celui-ci est oublié. Relativement visible, car pour une fois le marquage au sol, ô combien nécessaire à Marseille, a été réalisé.

 

P 20171122 134755 sAu rayon vélo des bémols

* Premier bémol : Malgré, les courriers de l’association, il a été décidé d’aménager la rue en zone 30. Vous nous direz que la zone 30 c’est pas si mal que cela. Soit. Mais quand une rue divise en deux une grande zone de rencontre (les quartiers de Noailles et de l’Opéra) il apparaît plus intelligent de requalifier celle-ci en zone de rencontre. Sinon vous devez systématiquement mettre une ribambelle de panneaux début de zone 30 (B30), et fin de zone (B51) ou bien début de zone de rencontre (B52) et fin de zone (B53) avec en plus les panneaux doubles sens cyclable (C24a) et « sauf vélo » (M9v2) à chaque coin de rue. Bref plus compliqué, plus cher, pour moins bien.

P 20171122 133056 s* Deuxième bémol : la peinture utilisée, bien connue des cyclistes marseillais, a une durée de vie de un à deux ans sur un piste cyclables fréquentée uniquement par des cyclistes (et des piétons) et de trois mois pour un double sens cyclable.

* Troisième bémol et sans doute la chose la plus importante à se rappeler : Cet aménagement a beau être très joli, il a 30 ans de retard. Quand à Marseille en 2017 on se demande si une rue doit être en zone 30 ou de rencontre, une ville comme Paris a déjà déployé depuis plus de dix ans les zones de rencontres et zone 30 dans la plupart de rues et une ville comme Montpellier à piétonniser l’intégralité de son centre-ville il y a 20 ans. On le répète tout le temps, mais même si Marseille va désormais dans la bonne direction et le fait avec une lenteur qui continuera à creuser l’écart entre elle les autres grandes villes de France, d’Europe et d’ailleurs.

Inauguration en grande pompe

ianuguration rue ParadisTadam ! Ce n’est pas la neige qui tombe sur Marseille ce matin du 2 décembre qui va empêcher l’inauguration de la rue Paradis de se faire. Tout le monde est là : Le Maire et président de la métropole, Jean-Claude Gaudin itself, la présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal, le président du conseil de territoire de Marseille Provence, Jean Montagnac, le président de la CCI, Jean-Luc Chauvin, le maire du 6&8, Yves Morraine et surtout la maire du 1er secteur, Sabine Bernasconi et bien d’autres.

 
Inauguration Rue Paradis Marseille

Tout ce petit monde a vite trouvé refuge à l’intérieur de la bourse pour les discours avant de partir pour le bain de foule dans les commerces avoisinants dans une rue fermée à la circulation des automobiles ! Pour un jour et bientôt pour toujours avec Ambition centre-ville ?