Navette autonome à Gap : un projet objectivement opportuniste et coûteux, qui ne répond à aucun besoin significatif de mobilité douce pour la population.

Dans un article du Dauphiné Libéré du 2 septembre, les gapençais.es ont été informé.e.s de la mise en service de la navette autonome « Néa » à partir du 15 septembre.

Ce projet porté par la Ville de Gap interroge toujours l’association Mobil’Idées à plus d’un titre.

Pour rappel, ce projet a été imaginé par la ville de Gap dès 2013, et à l’époque il s’agissait d’une navette Centro qui devait circuler. Des représentants de Mobil’idées avaient participé aux réunions de concertations, mais ils avaient quitté le groupe lorsqu’ils s’étaient rendu compte que les décisions étaient déjà prises. Cf communiqué de presse du 22/12/2013 ci-après.

Aujourd’hui, l’association s’interroge toujours sur cette navette.

Quel est son objectif opérationnel ?

Malheureusement, que ce soit dans les comptes rendus de conseils municipaux ou dans le magazine Gap en Mag, aucun document n’expose clairement l’objectif recherché par la création de cette navette. Mobil’idées avait participé à une réunion d’explication du projet, durant laquelle oralement il avait été soutenu qu’il s’agissait d’un projet d’écomobilité et non pas d’un projet de communication. Les seules informations factuelles disponibles publiquement sur cette navette sont celles de l’article du Dauphiné du 2 septembre.

Et si l’objectif était de développer les mobilités douces ?

L’axe Porte Colombe – Fontreyne est l’un des plus fréquentés de Gap en terme de trafic automobile. La navette autonome pourra-t-elle concourir à en diminuer le trafic ?

L’association en doute en toute bonne foi pour les raisons suivantes :
• La ligne de bus n°1 qui suit le même parcours est une des plus importantes de Gap.
• La piste cyclable sur laquelle circulera la navette est également une des plus importantes et pratiques de Gap, et quasiment la seule en site propre.
• La contre-allée est agréable pour les cheminements piétons, les poussettes et les trottinettes.

En face de cette offre de transports doux et collectifs, la navette va se positionner en situation concurrentielle et non complémentaire :
• La cadence sera seulement d’une rotation par heure contre 3 par heure pour le bus n°1.
• Les horaires seront moins importants que le même bus 1 (seulement 9h-12h puis 14h-17h).
• La navette créera un conflit d’usage et des risques pour la sécurité de l’ensemble des usagers actuels, cyclistes et piétons (aux sorties d’école notamment), puisqu’elle empruntera la piste cyclable.
• Le temps de parcours de la navette sera :
◦ sensiblement le même qu’à pied
◦ 2 fois plus long qu’en bus régulier
◦ 3 fois plus long qu’à vélo
Peut être que la navette aura à ses débuts un succès dû à la curiosité des riverains. Mais devant les éléments de bon sens ci-dessus, il est illusoire de penser qu’elle permettra un report modal massif.

Autres problèmes de fond

La navette nécessitera la présence d’un agent à bord. Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir installé une navette non autonome, technologiquement plus simple ? Pourquoi ne pas l’avoir installée dans d’autres quartiers où l’offre de transport en commun est faible et où le relief est plus contraignant ?

Sur la base des éléments publiquement disponibles, il semble que cette opération « navette autonome » soit plus une opération de communication qu’une réelle volonté de développer les mobilités douces et diminuer le trafic automobile.

Déjà fortement sous pression foncière et démographique, la ville de Gap a-t-elle besoin d’opérations marketing supplémentaires ? Cette opération va-t-elle réellement en direction d’une société soutenable pour les générations futures ?

Bien que reconnue pour ses compétences dans le domaine de la mobilité, l’association Mobil’Idées regrette une fois de plus de ne pas avoir été associée à la réflexion de la Ville de Gap. Sans compter l’investissement initial, les 48 000 € à débourser annuellement auraient pu être utilisés pour des projets de mobilité bien plus utiles pour les gapençais.es.


Contact :
Rémi Borel, membre de la direction collégiale de Mobil’idées : 06 11 27 61 52