Cet article a été publié sur le site du Moniteur aujourd’hui.


En juillet prochain, les double sens cyclables seront systématisés dans les zones 30. En attendant, bilan des acquis pour les quartiers, agglomérations et territoires ayant mis le vélo au cœur de leur politique d’aménagement.

© DR - Pont à Copenhague - Aujourd’hui, à Copenhague, environ 30% des déplacements pour se rendre au travail ou en cours, se font en vélo. Mais la ville compte bien augmenter ce pourcentage, pour atteindre 50% en 2015, et pouvoir, ainsi, s’enorgueillir d’être la capitale mondiale du vélo.

"Le 30 devient la règle, et le 50 l’exception", dit Alain Jund, vice-président du Club des villes cyclables, conseiller communautaire délégué au vélo et adjoint au maire de Strasbourg chargé de l’urbanisme. La formule, traitant des limitations de vitesse en ville, résume la position de nombreuses communes confrontées à la mise en application du nouveau régime réglementaire des zones 30.

Dans les Hauts-de-Seine, Sceaux (20 000 habitants) offre un exemple récent. Le maire, Philippe Laurent, espère « une ville non seulement cyclable, mais aussi cycliste ». En décembre, la commune a généralisé le double sens cyclable sur toutes les rues à sens unique classées en zone 30. En complément de la nouvelle signalisation, la municipalité publiera début mai un guide des bonnes pratiques. Le mois suivant, les scolaires testeront un programme pédagogique portant sur l’usage partagé de l’espace public et la pratique du vélo en ville. Cette politique prolonge les cinq « zones de rencontre » (limitées à 20 km/h) récemment aménagées. L’apaisement de la circulation s’appuie sur une culture déjà ancienne : en 1974, Sceaux avait créé la première zone piétonne d’Ile-de-France.

Généralisation du 30 km/h à Lorient

En Bretagne, Lorient - qui s’est distinguée en 1985 par l’un des premiers plans de déplacement urbains (PDU) de France - a généralisé aussi, depuis la fin 2009, la limitation à 30 km/h, justifiant sa désignation comme « la ville des quartiers tranquilles ». Première des grandes villes françaises à prévoir de franchir le cap, Strasbourg, dont le premier schéma cyclable remonte aux années 1970, révélera en mai les résultats de son étude détaillée sur la généralisation des zones 30.
En phase d’application dans les centres urbains, cette généralisation prolonge un autre acquis de la loi sur l’air, en cours de consolidation juridique : pour toute rénovation de voirie urbaine, l’article 20 impose la mise en place d’itinéraires cyclables.

La communauté d’agglomération Brest Métropole Océane l’a vérifié à ses dépens, dans le litige qui l’opposait à l’association « Brest à pied et à vélo » (Bapav), tranché en juillet dernier par la cour administrative d’appel de Nantes : Bapav contestait la réalisation d’un double rond-point qui permettait à deux voitures de circuler de front, tant sur l’anneau central qu’en entrée et sortie des giratoires.
La cour d’appel a annulé la délibération communautaire créant ce giratoire, et enjoint à l’intercommunalité de réaliser un itinéraire cyclable adapté. « Après concertation avec l’association Bapav, nous avons réaménagé le site qui a été entièrement inscrit en zone 30 », indique Michel Joanny, le vice-président de Brest Métropole en charge des transports et de la voirie. Une bande cyclable créée sur un trottoir et des vélos figurés sur la chaussée rappellent aux automobilistes leur devoir de prudence.

La Loire, colonne vertébrale pour réseaux urbains

Forts de leurs acquis à l’intérieur et à l’entrée des villes, les cyclistes se concentrent sur les relations entre territoires urbains et ruraux. Avec notamment de bons résultats en région Centre : selon Laurent Savignac, responsable « Loire à vélo » au conseil régional, « cette voie touristique sert de colonne vertébrale aux réseaux de villes ou d’agglomérations. Elle a permis de structurer leurs itinéraires cyclables ».
A Orléans, le réseau d’agglomération comprend 360 km de pistes et bandes cyclables. L’itinéraire Loire à vélo, quasiment achevé sur 22 km, traverse l’Ile Charlemagne, grande zone de loisirs. La greffe du réseau d’agglomération sur l’itinéraire touristique se prolongera bientôt, avec les travaux d’une passerelle accolée à un pont au-dessus du Loiret. La ville d’Orléans étudie une autre passerelle sur la Loire, pour rejoindre une future salle de sports. A Tours, deux nouveaux itinéraires vont s’y connecter : l’un vers le nord, dans la région de Vouvray, l’autre au sud, le long du Cher, en direction du château de Chenonceau.

A Strasbourg, les réflexions sur les interconnexions entre itinéraires cyclo-touristiques et réseaux cyclables urbains ont suscité un nouveau sigle : VHNS, pour « vélo à haut niveau de service ». « Il s’agit d’utiliser les pistes départementales empruntant les chemins de halage des canaux de la Bruche, du Rhône au Rhin, et de la Marne au Rhin, pour définir des axes d’entrée d’agglomération permettant d’afficher une vitesse commerciale performante pour le transport cyclable », annonce Alain Jund.

Les études sur l’apaisement de la circulation au profit des modes doux n’écartent donc plus les routes de campagne. Dans le massif de Fontainebleau, qui concentre 25 % des accidents de circulation mortels de Seine-et-Marne pour seulement 5 % du réseau routier, le conseil général hérite d’un bilan mitigé, sur les anciennes RN 6 et 7 : « Nous devons améliorer les continuités cyclables », reconnaît Daniel Bascoul, directeur des routes au conseil général. Plusieurs associations, dont les Amis de la forêt de Fontainebleau, demandent au conseil général d’instaurer la limitation de la vitesse à 70 km/h sur les routes secondaires pour assurer la sécurité des automobilistes et des cyclistes. « Nous réfléchissons aux routes qui pourraient servir de support à cette expérimentation », indique Daniel Bascoul.

Pour voir une liste d’aménagements, recensés par le Centre d’études sur les réseaux, les transports, l’urbanisme et les constructions publiques, favorisant l’utilisation du vélo, cliquez-ici.

Pour en savoir plus sur les zones 30, en allant sur le site de "VeloBuc" (association pour les piétons & les vélos à Buc), cliquez-ici.