Les plus grandes masses critiques d’Europe ont lieu tous les ans à Budapest. Dans la capitale hongroise, il existe un atelier vélo, le « Bringa Konyha » qui depuis avril 2010 accueille les cyclistes sous la charpente d’un bar de la ville.

La masse critique qui a mis le vélo sur la bonne pente

La première masse critique de Budapest a été organisée le 22 septembre 2004. Environ 4000 cyclistes ont pris part au cortège, à la surprise du collectif d’organisateurs tous membres de l’association des cyclistes hongrois Magyar Kerékpárosklub. Depuis, ces manifestations sont organisées deux fois par an : en avril pour le jour de la Terre et en septembre pour la journée sans voitures. Elles recueillent des dizaines de milliers de participants à chaque édition.

La masse critique de Budapest a ainsi servi à interpeler les partis politiques sur leurs actions vis-à-vis du vélo. Face au phénomène, certains élus se sont empressés de monter sur leur vélo pour se joindre au cortège, qui reste bien entendu apolitique. Ainsi, le 22 avril 2008, le maire de Budapest et quelques ministres participaient à la plus grande masse critique d’Europe qui aurait atteint le nombre record de 80 000 personnes. Si cet engouement a, pour certains, donné à ce rendez-vous un caractère consensuel autour de l’image écolo du vélo, il a permis de dynamiser l’usage du vélo. La part modale du vélo à Budapest est d’environ 4% et le nombre de déplacements à vélo double quasiment d’année en année.

Une cuisine du vélo en soupente

L’atelier de Budapest a débuté peu avant la masse critique de septembre 2008 ou certains organisateurs ont demandé des pièces sur le site criticalmass.hu pour construire un vélo pour une demoiselle qui ne pouvait pas se rendre au travail autrement.

Il y a eu tellement de dons que dans la foulée l’idée d’un atelier a germé. Le « Bringa Konyha » soit littéralement « Cuisine de Biclou ». Pourquoi reprendre le terme californien de Bike Kitchen ? Parce que « Les idées les plus fracassantes et créatives sont souvent nées dans les cuisines qui sont les seuls lieux de vie dans les entreprises »

Depuis le mois d’avril 2010 l’atelier s’est installé au 3eme étage du bar Szimpla. Le bar, très connu de Budapest, à offert l’usage de son grenier qui accessible après un escalier très étroit.

Les bénévoles ont complètement remis à neuf le grenier qui servait de dépotoir pour pouvoir accueillir les futurs cyclistes. L’atelier est ouvert le mardi et le jeudi de 18 à 21 heures. Il n’y a pas de statut et chacun s’investit selon ses capacités et ses envies. Il n’y a pas d’adhésion annuelle et l’atelier fonctionne à prix libre. La plupart des outils sont de la récup’ ou des dons. L’atelier n’est pas très connu et l’accès au troisième étage par un escalier étroit ne simplifie pas les choses.

En dehors de l’activité hebdomadaire, deux fois par an, l’atelier organise des marchés aux puces du vélo dans la cour intérieur du bar Szimpla. On peut y trouver des Schwinn-Csepel (la marque hongroise la plus répandue qui fabrique ses vélos sur l’île de Csepel à Budapest) des Mali (qui fabrique des cadres et des pièces détachées sur cette même île) ou des Puch (marque autrichienne bon marché). Mais on y trouve surtout des pièces détachées. On peut également assister à des démonstrations de la façon d’attacher son vélo ou prendre des contacts avec le club des cyclistes Hongrois.

À Budapest, il y a une grande concentration de professionnels de la bicyclette. Le prix de la main d’œuvre est bas et la majorité des cyclistes laissent leur vélo à réparer. Toutefois, dans la ville sillonnée constamment par une centaine de coursiers, la culture cycliste alternative est plutôt solide. Et ils sont nombreux à monter leur vélo à l’atelier pour apprendre à bricoler à partir d’une mine de pièces récupérés.

Pour en savoir plus :

Quelques articles sur le site Hu-lala (ici et ).

Merci à nos correspondants locaux : Adrien et Vincent.

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