Ah que le professeur Dupignon aurait eu plaisir à rouler à Rome !

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L’organisation de la circulation en cette ville illustre en effet très bien le concept du « n’importe quoi ». Dans le passé, j’avais eu la « joie » de circuler en Inde et avais trouvé cette définition : le bordel organisé (par le plus fort il faut bien le dire). A Rome, c’est le n’importe quoi qui domine. C’est un partage de l’espace commun dans une proximité sensible, jugulé par quelques signes lointains du code.

C’est en rentrant en France et à Grenoble que cette sensation s’est faite plus lumineuse.

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Il m’a semblé re-découvrir les usagers français : ceux-ci ne partagent pas l’espace, ils le conquièrent aux dépens des autres (hostiles !). L’un passant l’autre, l’autre « grondant » l’un. Ils sont recroquevillés derrière le code tout puissant, arc-boutés derrière leur droit. Ils ne supportent pas les écarts des autres mais s’en octroient certainement autant, enchâssés dans leur rigidité morale aux contours flous. Les autorités renforcent ce comportement des usagers de la voirie française. Ils s ’échinent depuis des années à dessiner des bandes et autres signes horizontaux afin de séparer physiquement les différents usages. Alors qu’il faut les réunir pour qu’ils s’entendent.

A Rome, la perception de l’espace public et la connexion entre les individus sont tout autres. C’est un n’importe quoi guidé par l’humanité et le rapprochement, tout du moins en situation de circulation. Nous avons souvent eu l’occasion de traverser un axe, de tourner autour d’un rond point géant. Dans la plupart des cas, nous avons été étonnés par la courtoisie des autres véhicules, si tant est que vous sachiez conduire et présenter vos décisions aux autres. Dans cette habitude ancrée de fluidité en proximité, les romains acceptent mieux le partage et l’adaptation, même en position de force (physique) au volant.

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On pourrait rapprocher cette situation aux expériences menées en situation réelle sur la signalisation routière urbaine. Il avait été procédé au démontage des panneaux et aux extinctions des feux tricolores dans certaines villes. Lorsque l’on ne donne plus de code aux gens, forcément rationnels et extérieurs, ils se redécouvrent une part d’humanité qui va réguler d’autant mieux le trafic qu’il ne leur sera pas imposé bêtement. Le n’importe quoi cache une nouvelle organisation, bien plus structurante que ses contours anarchistes. Il devrait aussi avoir de beaux jours devant lui dans les flux de nos rues.

Cette approche volontaire de l’Autre se retrouve aussi dans l’ambiance des actions menées par les cyclistes romains, leur attitude générale. Nulle revendication violente, pas de slogan crié à tue-tête. Les individus se parlent en face à face, discutent plus qu’ils ne s’embrouillent, sourient et sourient encore. Nous avons encore Piero imprimé sur nos rétines, siégeant sur son vélo-perché. Nous le voyions en descendre parfois, décrocher le tabouret que nous pensions panier, le poser, s’y assoir, tenir sa monture d’une main et discutant de l’autre avec l’automobiliste empêtré dans notre flot. Oui, on parle beaucoup en Italie, et alors ?

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ps : un retour positif d’un périple qui peut être minimisé par : la présence importante de pavé, les cheminements accidentés des piétons, le « deux minutes » fait légion, quelques forts en gueule !
Sinon, Rome est cycliste et bigrement jolie !!

- l’hymne de la masse critique intergalactique :

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Sulla Bicyclette !
La bicicletta
IMG/mp3/Labicicletta.mp3

- le site de la masse critique intergalactique de Rome :
http://www.ciemmona.org/2009/

- plein de photos là :
http://www.flickr.com/photos/erikek&hellip ;