La piste cyclable de l’avenue Victor Hugo, à Valence, est célèbre pour son historique quelque peu chargé.
En effet, début 1998, la mairie décide de rénover cette grande avenue. Au départ, le cahier des charges ne prévoit pas d’aménagements cyclables, contrairement à ce qui est prévu dans la loi sur l’air, applicable depuis le 1er janvier 1998. Le début d’un long combat pour l’association de vélo urbain de Valence (la REVV, Roulons En Ville à Vélo).

Petit retour sur cette affaire, et quelques photos...

La loi sur l’air, qui date de 98, impose à la ville qui rénove ou crée une voirie de créer à cette occasion des aménagements cyclables.
L’association REVV tente donc,dès le début du projet, à l’amiable, par des courriers au maire ou au préfet, de faire appliquer la loi, sans succès. L’association dépose alors une requête « de sursis à exécution » et un recours en annulation auprès du tribunal administratif de Grenoble pour non respect de la loi sur l’air et de son article 20.

Quelques mois après, à force de négociation avec les techniciens de la ville (qui ont entre temps eu connaissance de l’action en justice), la mairie propose de rajouter au projet initial une bande cyclable dans chaque sens. Ayant à priori obtenu satisfaction, REVV envisage d’interrompre le recours administratif lorsque les bandes seront effectivement réalisées...
Sauf que l’officialisation de cette nouvelle proposition de la mairie tarde à venir... aucun document officiel n’est publié ou signé. L’association décide donc de maintenir la plainte.

En octobre 98, les travaux de rénovation de l’avenue se termine et des bandes cyclables sont réalisées.
Il apparaît à l’usage que leur largeur (moins de 1,1 m marquage compris) est insuffisante, compte tenu des stationnements à leur droite, et des voitures mal garées qui débordent fréquemment sur les bandes. Il est probable que si les bandes avaient été prévues dès l’origine du projet, les techniciens auraient pu proposer une largeur suffisante. Aussi REVV décide encore de maintenir l’action en justice.

En juin 99, la requête de l’association est rejetée, mais elle fait appel.

En 2001, REVV porte à la connaissance du tribunal un accident relativement grave dont a été victime un cycliste qui circulait sur la bande cyclable. Pour éviter l’ouverture d’une portière d’une voiture stationnant à sa droite il a heurté violemment une voiture arrêtée à sa gauche au feu rouge.

En juillet 2003, soit 5 ans après le début de la procédure, la Cour Administrative d’Appel de Lyon donne raison à l’association. L’arrêt de la Cour d’Appel a annulé les décisions, qu’il a jugées non conformes à la Loi, sans toutefois définir et préciser telle ou telle action correctrice avenue Victor Hugo !
Mais l’essentiel est probablement la jurisprudence acquise qui devrait à l’avenir aider toutes les associations cyclistes, dans les futures négociations avec les municipalités.
Pour REVV la partie n’était pas terminée pour autant. La rénovation de l’avenue Victor Hugo s’est ensuite poursuivie par la réfection d’un nouveau tronçon, qui comporte bien cette fois des pistes cyclables - sur le trottoir - mais qui ont abouti à l’apparition de nouveaux problèmes !

Avec cette affaire, l’association REVV a montré à la mairie de Valence qu’il fallait désormais compter sur elle. Depuis, la mairie a appris que les conseils de l’association pouvaient être d’une aide précieuse, et non pas une contrainte. L’association est consultée pour tous les projets touchant de près ou de loin au vélo sur l’agglomération de Valence. La mairie a même offert à REVV une maison du vélo !


Après une petite visite à Valence cette semaine, nous vous transmettons quelques photos qui illustrent cette bande/piste cyclable et les problèmes rencontrés. Autres photos à la fin du diaporama : le pont des Lônes, 2e pont de Valence reliant la Drôme et l’Ardèche, inauguré en 2004, et sa magnifique piste cyclable (photos par G. Betton), comme on aimerait en voir sur les ponts avignonnais !

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