Toujours début 2020, la municipalité d’Istres a remplacé 3 carrefours à feux de la très longue avenue Gouin par des giratoires.

Cet aménagement n’a pas intégré de mesures spécifiques pour les vélos, ce qui est discutable vis à vis de la loi LAURE. Pour ce point et d’autres, ces giratoires méritaient une critique.

Les 3 nouveaux ronds-points

Si on va du nord vers le sud, le premier de ces nouveaux giratoires est situé au niveau du boulevard Dethez.

On remarquera que pour les véhicules longs ce giratoire a été bien étudié avec

  • une couronne franchissable entourant l’îlot central
  • la partie également franchissable de l’angle le plus proche sur la photo (et celui à l’opposé)

Au niveau de ce giratoire il y avait une voie centrale pour les véhicules voulant tourner à gauche. On aurait pu imaginer profiter de cette voie désormais inutile pour faire 2 bandes cyclables qui auraient été utiles sur ce gros axe très fréquenté. Ce n’est pas ce qui a été fait, comme on peut le voir sur la photo ci-dessous

Au nord du giratoire Dethez la voie centrale existe toujours mais avec obligation de se rabattre peu avant le giratoire
Au sud du giratoire Dethez et jusqu’au suivant, la voie centrale a simplement été neutralisée. Au moins les voitures peuvent-elles mordre dessus pour doubler un cycliste lent. On notera les arbres à droite, qui obligent un cycliste à se déporter…

La solution retenue par la mairie est plus sûre pour les piétons, qui bénéficient d’un terre-plein central, mais elle rallonge leur chemin puisque les passages piétons sont déportés par rapport au giratoire.

Le giratoire suivant est celui de la rue des Baumes. sur le principe, il ressemble beaucoup au giratoire Dethez.

On notera que les voies qui arrivent sur le rond-point ne sont pas très larges. Un cycliste aura intérêt à rouler au centre de la voie à ce niveau (et dans le rond-point) pour éviter de se faire raser par une voiture.

Le troisième giratoire est situé beaucoup plus au sud, entre le quartier de la Prédina et celui du Prépaou, à un endroit où l’avenue Gouin est à 2×2 voies + 2 bandes cyclables. C’est donc un giratoire très large, à 2 voies. La rue traversante, l’avenue des Cardalines, n’est elle qu’à 2×1 voie.

On remarque que la mairie a souhaité conserver la bande cyclable autour de ce grand giratoire
Le point très positif est que sur l’avenue Gouin, des ralentisseurs ont été placés à l’entrée du giratoire. Par contre la bande cyclable disparaît un peu avant les ralentisseurs, ce qui n’est pas très cohérent avec la bande cyclable du giratoire.

3 giratoires de plus…
Istres est une ville à giratoires, il y en a beaucoup autour de la vieille ville et notamment sur ses 2 principales (et longues) artères :

  • l’avenue de Radolfzell (8 giratoires, dont 7 à 2 voies)
  • et l’avenue Félix Gouin (7 giratoires en comptant les 3 nouveaux, dont seulement les 3 les plus au sud sont à 2 voies)

Les giratoires à 1 file ne sont pas un problème en général pour un cycliste un peu à l’aise, qui prendra naturellement sa place au milieu de la voie comme une voiture. C’est d’ailleurs ce qui est prévu dans la fiche du CEREMA :

Par contre les giratoires à 2 voies sont dangereux pour les cyclistes, même expérimentés. Comme indiqué ci-dessus, Istres en possède de nombreux. Le giratoire Nelson Mandela, situé à l’intersection des avenue de Radolfzell et Félix Gouin et donc de 2 avenues à 2×2 voies chacune, est généralement considéré comme le plus dangereux. Même les cyclistes expérimentés et rapides l’évitent quand ils le peuvent, quitte à faire un long détour.

… pas les plus dangereux…

Que dire de ces nouveaux giratoires ? Ils sont plutôt bien faits. Pour les cyclistes, ils sont plutôt plus sûrs que les carrefours qu’ils ont remplacés. Quant aux piétons,

  • leur chemin est rallongé mais sans doute plus sûr pour les 2 giratoires près du centre-ville (s’il se confirme que la vitesse des voitures est effectivement plus faible qu’avant)
  • pour le grand giratoire du sud, c’est également mieux car ils avaient auparavant interdiction de traverser l’avenue Gouin à ce niveau ! (officiellement ils devaient rejoindre une passerelle ou un tunnel proches). C’est donc un progrès.

.. mais une occasion ratée pour le vélo sections entre les giratoires pour la partie nord de l’avenue

Le nord de l’avenue Gouin n’était vraiment pas très agréable pour les cyclistes. Après l’aménagement des 2 giratoires il reste peu agréable, même si l’aménagement réalisé fera sans doute chuter la vitesse et que les voitures pourront davantage se déporter lors des dépassements.

Mais tant qu’à supprimer la voie centrale, la ville avait l’occasion de faire deux bandes cyclables depuis la piscine jusqu’à l’extrémité (l’avenue Saint-Exupéry). Occasion ratée.

Une discussion interne à la FUB nous laisse penser que l’aménagement de 2 giratoires et de leurs passages piétons attenants tombaient sous le coup de l’article 228-2 du code de l’environnement (loi LAURE) :

A l’occasion des réalisations ou des rénovations des voies urbaines, à l’exception des autoroutes et voies rapides, doivent être mis au point des itinéraires cyclables pourvus d’aménagements sous forme de pistes, marquages au sol ou couloirs indépendants, en fonction des besoins et contraintes de la circulation.

L’aménagement de ces itinéraires cyclables doit tenir compte des orientations du plan de déplacements urbains, lorsqu’il existe.

Les jurisprudences pour des giratoires ne sont pas très claires et ces derniers pourraient, en cas de plainte, être qualifiés de simples « rénovations » et non de « modifications importantes » mais la suppression de la voie centrale n’est pas une simple rénovation…

… et même la partie sud !

L’avenue Gouin en partie sud est un grand axe tout droit à 2×2 voies (avec bande cyclable) mais le trafic automobile ne le justifie certainement pas. Un passage à 2×1 voie serait tout à fait possible avec la possibilité de créer

  • de bien plus larges trottoirs
  • de bien plus larges bandes cyclables (voire des pistes !).

Surtout, le passage à 2×1 voies de l’ensemble de l’avenue Gouin et de l’avenue de Radolfzell aurait l’avantage de régler le problème du giratoire Nelson Mandela, ce point noir historique pour les cyclistes et les piétons de cette partie d’Istres (voir ce vieil article par ex).