Un article de l’heureux cyclage sur l’écotaxe...le REP : Responsabilité Élargie du Producteur

Quoi t’est ? Une petite précision s’impose. Pour les intéressé-e-s, je vous conseille de lire jusqu’au bout parce que ya des choses importantes !

D’abord, le terme "recyclage" est un faux ami : dans les ateliers vélo, on fait pas de recyclage, mais du réemploi (ou réutilisation). Ca parait rien mais c’est super important car recyclage ca veut dire broyage, découpage, puis aciérie électrique (je vous laisse imaginer le bilan énergétique !). Les vélos des bennes ferraille des déchèteries partent effectivement au recyclage. Bref, rien de ce qu’on veut... donc svp ne dites plus "recyclage" sinon vous dites le contraire de ce que vous voulez exprimer.

Ensuite, le nom qui échappe à Julien, c’est "REP" : Responsabilité Élargie du Producteur. C’est pas tant une taxe qu’un concept, qui peut en effet se décliner de manière pratique sous forme d’une écotaxe. Cours magistral en 3 points :)

1. La REP c’est quoi
Ce principe est issu de la philosophie "pollueur-payeur" appliquée à la gestion des déchets : ceux qui produisent des déchets doivent en assumer la gestion. Tu veux te mettre à vendre des frigidaires ? Ok, mais tu devras assumer les déchets qui en découleront. D’un point de vue des obligations mises en place légalement, cela se traduit surtout par en assumer les coûts de gestion (collecte et traitement des déchets). Et, si la loi contraint les producteurs à exercer leur responsabilité, ceux ci ont la liberté des modalités pour l’exercer. Concrètement, les producteurs créent par exemple des eco-organismes (dont ils sont propriétaires) qui s’occuperont de gérer les déchets de leur filière "par eux et pour eux". En pratique, l’éco-organisme peut gérer en direct la collecte et le traitement des déchets ou payer des sous traitant pour le faire.

2. Les filières REP et le réemploi
La REP - dans son essence - n’est pas un outil de prévention des déchets (dont le réemploi fait partie) mais un outil de gestion des déchets. Alors bien sûr, certaines filières REP englobent une part de réemploi, mais cela demeure volontaire, marginal, et colossal :
- volontaire : les lois qui encadrent les filières REP ne sont pas contraignantes en termes de réduction des déchets. Exemple de la filière REP Emballages, je vous laisse lire ce qu’écrivent nos copains du CNIID : http://www.cniid.org/Eco-emballages,107
- marginal : un seul exemple de loi qui pose des objectifs de réemploi/réutilisation, la toute jeune REP Ameublement. Pour la première fois une REP affiche un objectif de réemploi/réutilisation : développer l’activité de réutilisation de 50% (en tonnage). Vu qu’on part de pas bien loin, on arrivera pas bien loin... et la grande majorité des meubles en fin de vie continueront d’être détruits.
- colossal : exemple de la REP Electroménager. Afin que les communautés Emmaüs puissent s’inscrire dans cette filière et continuer à récupérer l’électroménager, Emmaüs France a dû négocier un accord au niveau national puis le faire ratifier à chacune de ses communautés. Et le système demeure volontaire. Et pour revenir sur l’exemple de la REP Ameublement, vous imaginez que pour obtenir le petit objectif cité ci-dessus, ce sont des milliers d’heures de lobbying qui sont nécessaires à l’échelle européenne et/ou nationale...

3. Une REP pour les vélos...
Quand L’Heureux Cyclage a démarré son travail sur les filières de réemploi (https://www.heureux-cyclage.org/pre-etude-sur-les-filieres-locales.html), il y avait bien cette idée de REP en arrière fond, qui apparaît d’ailleurs dans le rapport de la pré-étude comme des scénarios parmi d’autres. Le travail mené depuis une année la dessus nous a apporté de nouvelles connaissances qui éclaire un peu plus le sujet. Ce qu’on peut dire sur une éventuelle REP Vélos :
- les producteurs n’y sont pas favorables car même si cela se ferait "par eux et pour eux", c’est une réglementation de plus...
- si on considère que le recyclage des vélos est facile (80% de métal) et dispose déjà d’infrastructures existantes (aciéries électriques), l’inclusion du réemploi dans la filière ne serait pas automatique...
- une filière REP, c’est soit une loi soit un accord volontaire de branche. Dans les deux cas, il faudrait avoir les épaules solides pour faire entendre les intérêts des ateliers vélo, appréciation que je laisse au Conseil d’Administration de L’Heureux Cyclage.

Voila ! Je suis bien contente d’avoir échangé avec vous là-dessus !

L’heureux re-cyclage