Tahia et les tissus du monde, ou comment trouver un bon mari !

Tahia est en train de coudre sur une machine professionnelle un sac en bâche de récup qui protégera bientôt un exemplaire du fameux jeu de quilles numérotées. Mais pour elle, sa réalisation la plus récupérienne, c’est la sacoche à vélo en bâche publicitaire, qui associe les trois dadas de l’association, couture, vélo et récup !

Ce qu’elle aime, ce sont les tissus du monde, et ce qu’ils racontent des femmes dans la société.

« J’ai eu la possibilité de voyager et de rencontrer à Bordeaux des africaines, des caribéennes, j’ai découvert une culture du tissu très différente. Le travail du Batik est assez accessible en do-it-yourself ! Adolescente, je faisais du Tie and dye : de la teinture, des élastiques, des nœuds, un résultat psychédélique. »

Sociologue et ethnologue de formation, l’aspect symbolique des beaux Batik, elle le retrouve dans toutes les cultures, comme une expression artistique des femmes en créant des vêtements. L’an dernier au Laos, elle a découvert le travail du tissu chez les Hmongs, avec des vêtements très colorés, l’occasion de voir et de ramener des tissus comme cette jupe traditionnelle de 7m de long entièrement au point de croix.

« Chez les femmes Hmongs, pour trouver un bon mari, il faut qu’elles démontrent leur personnalité et toutes leurs qualités humaines à travers leurs tenues traditionnelles. L’expression féminine et l’intégration de la femme se retrouve dans ce bien qu’elle produit pour la société, pour prendre soin des siens. C’était aussi une valorisation et une reconnaissance par la communauté, des talents de chacune, lors des fêtes traditionnelles. »

Tissu, savoir-faire, transmission entre générations, prendre soin des autres, Tahia a toujours plus ou moins bidouillé en couture, avec sa mère qui cousait ses costumes de carnaval.

En venant à Recup’R, « je fais plaisir, je me fais plaisir » même si c’est un peu difficile de venir sur les permanences avec pas loin d’une heure de trajet.

Il y a quelques années, c’est par la couture qu’elle est rentrée à l’asso : la mercerie, les machines, « c’est incroyable, j’ai pas ça à la maison ». Et le vélo, elle adore depuis toujours, mais ne sait pas trop le réparer, l’entretenir, le fait d’avoir une asso qui permet de faire les deux « c’est libérateur, c’est de l’autonomie que je gagne, du savoir que j’acquiers ».

« Ce sont des bons moments qu’on passe ici, que ce soit en bas à l’atelier vélo ou à la couture en haut, les gens sont dans un état d’esprit d’entraide. C’est vachement grandissant comme asso » !