vélo Marseille CollectifMarseille parmi les villes les plus polluées d’Europe

La ville de Marseille est exposée à des concentrations en dioxyde d’azote (NO2) qui dépassent largement la recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Si elle n’est pas la seule ville européenne dans cette situation, elle se démarque malheureusement par son manque d’ambition pour en sortir.
Ces conclusions sont tirées d’un nouveau classement européen, publié aujourd’hui par la Clean Cities Campaign (1). Notre analyse compare 36 grandes villes européennes, dont Paris, Marseille, Lyon et Strasbourg (2), sur base des aménagements créés pour promouvoir la mobilité active et partagée. Elle prend aussi en compte la pollution de l’air dans ces villes.
Marseille est en 26ème position. Ce mauvais résultat s’explique principalement parce qu’elle n’accorde que très peu d’espace aux piétons et aux cyclistes, et parce qu’elle n’a pas de plan ambitieux pour interdire les moteurs thermiques.
 
A Marseille, de 2017 à 2019, la concentration moyenne en NO2 était de 47 μg/m3, soit près de 5 fois au-dessus de la recommandation de l’OMS, ce qui la place en 31ème position de notre classement pour ce critère en particulier. Sur la même période, d’autres villes, comme Paris ou Londres, enregistrent également des concentrations en dioxyde d’azote très élevées. Mais à l’inverse de Marseille, elles font de gros efforts pour promouvoir la mobilité durable dans leurs rues (zone à faibles émissions, système de partage de vélos, etc.).
 
Pierre Dornier, Chargé de la campagne Clean Cities en France, a déclaré : “En Europe, nombreuses sont les grandes villes qui sont exposées à des concentrations en NO2 dangereuses pour la santé de leurs habitants. Mais toutes ne répondent pas à cette urgence sanitaire de la même manière.
Certaines, comme Paris, élaborent des plans ambitieux pour soutenir la mobilité active, partagée et zéro-émission. D’autres adoptent plutôt la
politique des petits pas. Malheureusement, Marseille fait partie de ce deuxième groupe.”
 
La Métropole Aix Marseille Provence vient de présenter un plan de ZFE (zone à faibles émissions) pour le moins modeste. La surface proposée ne
concernerait que 19,5 des 240 km2 du territoire de la ville de Marseille. Et pour le moment, aucune interdiction complète des diesels n’est prévue.
Pour comparaison, l’Eurométropole de Strasbourg prévoit une sortie totale du diesel en 2028, la Métropole du Grand Lyon en 2026 et la Métropole du
Grand Paris en 2024. Cette dernière a également prévu une interdiction des moteurs thermiques à partir de 2030.
 
Marseille est également en retard si l’on regarde la place qu’elle donne aux cyclistes et aux piétons. Seules 2 % de ses rues ont des pistes cyclables, ce
qui la place à l’avant-dernière position dans notre classement. Elle se trouve également en bas du classement (30ème) si l’on regarde la place
qu’elle donne aux piétons. En effet, l’infrastructure séparée pour piétons représente l’équivalent de 22 % de la voirie seulement.
 
Cyril Pimentel, Directeur du Collectif Vélos en Ville à Marseille, a réagi : “Nous déplorons l’inaction des politiques publiques en matière de
mobilités actives qui relègue la cité phocéenne en fin de ce nouveau classement. Ici le seul qui fait quelque chose pour la qualité de l’air, c’est le mistral !”
“A Marseille, 45 % des NOx sont émis par le trafic routier. Marseille peut inverser le cours des choses en s’inspirant des initiatives d’autres villes,
comme Paris : création d’une ZFE ambitieuse, déploiement de pistes cyclables séparées sur les grands axes, fermeture de rues au trafic
motorisé, etc. La pollution de l’air est une réalité, mais pas une fatalité” explique Tony Renucci, directeur général de Respire.
 
En France, le transport routier est responsable de 63 % des émissions d’oxydes d’azote (NOx) et de 18 % des émissions de particules fines PM2.5. À
eux seuls, les véhicules diesel sont responsables de 90 % des émissions de NOx du transport routier. La pollution au NO2 est responsable, chaque
année en France, de près de 7 000 décès prématurés.
 
Notes
(1) La Clean Cities Campaign est une coalition de plus de 50 ONG et dont l’objectif principal est d’atteindre une mobilité zéro-émission dans les
grandes villes européennes d’ici 2030.
(2) Paris est en 5ème position dans notre classement, principalement grâce à ses mesures ambitieuses pour sortir de la mobilité carbonée et pour promouvoir les transports en commun. Lyon est à la 11ème place, avec des scores moyens dans nos différentes catégories. Strasbourg est 20ème, avec une bonne sécurité routière pour ses piétons et cyclistes mais avec des notes sous la moyenne pour l’espace réservé aux personnes et pour la facilité d’utilisation des transports en commun. Le détail du classement est
disponible ici.