Les ateliers vélo participatifs et solidaires, acteurs de la politique cyclable
Les ateliers vélos participatifs et solidaires sont un atout pour les territoires : ils participent activement au développement et à la promotion du vélo en premier lieu en le rendant accessible financièrement à toutes et tous. Les ateliers sont au plus près des usager·e·s du vélo et de leurs besoins, ils les accompagnent au quotidien en améliorant leur autonomie dans l’entretien et la réparation de leur moyen de déplacement, en aidant donc à sécuriser leurs trajets à vélo. Le lien social favorisé par les rencontres dans ces lieux de vie est un facteur d’encouragement à la pratique du vélo, mais aussi d’exigence et d’essaimage qui est la base sur laquelle peut se bâtir une politique cyclable cohérente.
Une enquête réalisée pour l’Ademe en 2017 auprès de 2600 usager·e·s le confirme : l’effort financier (sous forme de subventions ou de contrats aidés) nécessaire pour générer un kilomètre à vélo grâce à un atelier d’auto-réparation génère 11,5 fois plus de bénéfices pour la collectivité dans son ensemble (1,16 € de bénéfices pour 0,10 € de dépenses). L’intérêt général n’est donc plus à démontrer.
Malgré les bénéfices démontrés et le faible coût pour les collectivités, les ateliers continuent de faire face à des difficultés pour développer et pérenniser leurs activités. En premier lieu, le local joue un rôle central : il doit être spacieux, accueillant, bien situé, mais trop souvent il est difficile à obtenir et à conserver. En deuxième lieu, le soutien financier des collectivités et de l’État est essentiel mais trop rarement acquis. Nous ne pouvons que rappeler que la suppression des contrats aidés à l’été 2017 a mis de nombreuses structures en difficulté.
Grenoble et Strasbourg, deux villes qui reconnaissent le rôle clé des ateliers vélo participatifs et solidaires
D’après les résultats du Baromètre, Grenoble est une ville "favorable" au vélo. Avec une note de 3.91/6, elle se classe première des villes de cent à deux cent mille habitant·e·s. Parmi les six grands points forts de la ville en matière de vélo on note :
- trouver un magasin/atelier de réparation est facile ;
- les efforts faits en faveur du vélo par la ville sont importants ;
- la communication en faveur des déplacements à vélo est importante ;
- la mairie est à l’écoute des besoins des usagers du vélo.
Ces résultats dénotent une forte implication de la collectivité dans le développement de la culture vélo. L’Heureux Cyclage souhaite profiter de cette actualité pour mettre en avant la volonté de Grenoble Métropole de soutenir et de développer les ateliers participatifs et solidaires. Dès son projet de campagne, Eric Piolle, maire de Grenoble, promettait la "création d’ateliers de réparation [de vélo] dans chaque quartier" ! Cela se concrétise par l’attribution depuis 2017 d’un financement pour la coordination et le développement des ateliers vélos sur l’agglomération grenobloise, qui a permis la création au sein de L’Heureux Cyclage d’un poste de coordinateur inter-ateliers pour animer la CLAVette (Coordination Locale des Ateliers Vélo).
La CLAVette grenobloise réunit aujourd’hui neuf ateliers (six à Grenoble, un à St-Martin d’Hères, un à Fontaine, un à Saint-Egrève) qui travaillent essentiellement à donner une meilleure visibilité aux petits ateliers, à encourager la création de nouveaux ateliers et à mutualiser des moyens humains et matériels, rendant plus visibles les actions en faveur du vélo.
Strasbourg, à nouveau sacrée 1ere ville cyclable de France, fait partie des collectivités engagées auprès des ateliers vélo, grâce à une politique active de soutien aux ateliers d’auto-réparation. Si de l’aveu même de Jean-Baptiste Gernet, adjoint au Maire en charge des mobilités, "chaque année, on a un peu peur que ce soit la dernière", c’est pourtant bien grâce à un soutien qui fait la part belle à l’humain (vélo-école, essaimage des ateliers...) plutôt qu’aux seuls aménagements que la ville reste moteur du changement des comportements.
Le fait que Bretz’selle, atelier strasbourgeois, ait été choisi pour accueillir les rencontres nationales de L’Heureux Cyclage en 2019 avec le soutien de l’Eurométropole, n’est à ce titre pas un hasard.
Un Plan Vélo qui doit intégrer la vélonomie
Le développement des infrastructures cyclables et le soutien aux ateliers présents dans les villes lauréates du Baromètre cyclable doit se généraliser aujourd’hui dans toutes les villes de France. La future Loi d’orientation sur les mobilités, qui sera présentée en avril, pourrait ainsi donner une impulsion nationale aux politiques cyclables locales.
Si l’Heureux Cyclage se réjouit de la généralisation de l’apprentissage du vélo en primaire dans le cadre d’un plan vélo national structuré, cohérent et financé, les 79 000 adhérents des ateliers d’auto-réparation sont la preuve qu’une pratique durable et quotidienne du vélo passe par un accompagnement au changement dans le temps :
- l’accès aux connaissances pour réparer soi-même son vélo ;
- la disponibilité de pièces d’occasion à bas coût ;
- un territoire maillé d’ateliers où venir utiliser des outils mutualisés et donner une seconde vie à son vélo.
L’Heureux Cyclage invite donc les collectivités qui souhaitent rejoindre le podium des villes cyclables à pousser la porte des ateliers vélos et à les soutenir dès maintenant.