Le Premier ministre Édouard Philippe et la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn ont présenté le 26 mars le Plan national de santé publique 2018-2022. Ce plan fait appel à un nombre important de ministères et d’organismes de santé afin de lutter contre les inégalités de santé grâce à la prévention. L’objectif : permettre aux Français.e.s de vivre en bonne santé tout au long de leur vie et ce quelle que soit leur situation social.
400 millions d’euros en 5 ans seront investis pour prévenir les maladies, pour améliorer, en particulier, l’espérance de vie en bonne santé et réduire la mortalité prématurée évitable car, pour ces phénomènes, la marge de progression est importante.
A l’heure où toutes les bonnes idées semblent être les bienvenues pour faire mieux avec moins, L’Heureux Cyclage, réseau des ateliers vélo participatifs et solidaires s’étonne grandement de ne pas voir la promotion de l’usage du vélo parmi les 25 mesures phares du plan.
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Deux nouvelles études parues en Mars et Avril 2018 viennent s’ajouter à la file déjà longue des documents scientifiques sur le vélo et la santé. Tels des véhicules motorisés aux heures de pointe, dans les grandes agglomérations françaises ces documents semblent être arrêtés dans leur trajet vers leur mise en application.
Comme toute activité physique régulière, le vélo est bénéfique au système cardio-vasculaire, aux poumons, à l’attention, au moral, à la mémoire, réduit les risques de cancer, d’accident vasculaire cérébrale, prévient le surpoids, l’ostéoporose, augmente les défenses immunitaires face aux infections saisonnières.
Dans l’étude parue en mars 2018, les auteurs (Duggal et al.) ont mis en évidence l’incroyable jeunesse du profil immunitaire de cyclistes réguliers seniors (âgés entre 55 et 79 ans). Les chercheurs rappellent que pour vivre longtemps en bonne santé il est important de pratiquer une activité physique régulière, à tous les âges de la vie et même à une faible intensité. De plus, les chercheurs pensent que l’inactivité serait à l’origine de l’augmentation avec l’âge des maladies auto-immunes, rhumatismales et de certains cancers.
Une explication aux résultats des études épidémiologiques comme celle parue en 2017 (Celis-Morales et al.) pour laquelle 263 450 participants d’un peu partout du Royaume-Uni ont été suivi pendant 5 ans et qui met en évidence la réduction des risques de toute cause de mortalité, d’accident vasculaire cérébral et de cancer par l’usage du vélo pour se rendre à son travail.
La deuxième étude (Mueller, 2018), est une évaluation de l’impact sur la santé. L’influence de l’augmentation des réseaux cyclables dans les principales villes d’Europe a été calculée.
Les résultats confirment ceux de travaux précédents : la balance bénéfices-risques est très favorable à l’utilisation du vélo par rapport à la voiture. (Nick Cavill & Dr Adrian Davis, 2007; Rojas-Rueda et al, 2011 ; OMS, 2014).
Les différentes équipes de scientifiques concluent que les politiques d’incitation à des déplacements en modes davantage actifs (marche, vélo) sont des opportunités importantes pour l’amélioration de la santé publique et pour la réduction des morts prématurés évitables.
Le vélo est un moyen de conserver une bonne santé en faisant de l’activité physique mais aussi un moyen de transport propre.
L’ADEME en 2014 pointait le trafic routier comme l’un des secteurs prioritaires d’action pour améliorer la qualité de l’air. Sur le site du gouvernement français on peut lire que 48 000 personnes décèdent prématurément chaque année en France des conséquences de la pollution de l’air extérieur (9% de la mortalité). L’Agence Européenne pour l’environnement et l’ADEME font aussi état d’inégalité face à la pollution de l’air. Les populations urbaines sont les plus exposées.
La marge de progression est importante. En France, dans les agglomérations, une part très importante des déplacements en voiture font moins de 3 km et la part des trajets effectués en vélo est très faible.
L’OMS (Organisation mondiale de la Santé), depuis 2014, évoque la promotion des modes actifs comme d’une approche gagnant-gagnant par une amélioration de la santé des utilisateurs et par les effets positifs sur l’environnement surtout s’il remplace la voiture sur des courts trajets. La marche et le vélo peuvent facilement intégrer les emplois du temps chargés des gens que l’exercice de loisir. Ces activités physiques sont aussi davantage praticables pour les personnes pour lesquelles le sport n’est pas réalisable en raison de limitation physiques ou pour des raisons économiques, sociales et culturelles.
Aujourd’hui, l’OMS lance un plan d’action mondial pour l’activité physique avec pour cible la sédentarité trop importante du monde moderne (Communiqué de Presse du 4 juin 2018).
Les ateliers vélo participatifs et solidaires organisés en réseau par L’Heureux Cyclage proposent des services d’accompagnement des personnes à un changement de mode de déplacement, de lutte contre des freins à l’usage du vélo. Ils offrent la possibilité d’acquérir un vélo et de l’entretenir à moindre coût. Ils renforcent des comportements éco-responsables et sains en matière de déplacement (Ademe, 2017). Tels des acteur.trices de la prévention et de la promotion de santé (prévu.e.s dans le plan national de santé public), les mécanicien.ne.s-animateur.trice.s accompagnent et facilitent les comportements favorables à la santé des adhérent.e.s.
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Les ateliers de L’heureux Cyclage promeuvent activement l’usage du vélo et espèrent que leurs actions pourront intégrer le plan national de santé public 2018-2022.
Les ateliers de l’heureux Cyclage gardent espoir car les connaissances scientifiques actuelles révèlent le vélo comme un levier essentiel pour améliorer la santé publique, lutter contre les morts prématurées évitables et lutter contre les inégalités face à la maladie, objectifs visés par le plan.
Les ateliers de l’heureux Cyclage gardent espoir car au vu des importantes économies estimées que génèrent une politique cyclable (Danish Ministry of Transport, 2014 ; Institute of transports economics d’Oslo ; Chief medical officer du gouvernement anglais, de l’INRETS en 2002) la France pourrait économiser 6 à 9 milliards d’€/an de dépenses de santé si elle engageait 0,6 milliard d’€/an dans une politique cyclable volontariste.
Enfin, les ateliers de l’heureux Cyclage gardent espoir car le Premier ministre Édouard Philippe et la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn ont laissé entendre que des ajustements au plan sont possibles : « Ces actions sont évolutives et seront adaptées tout au long du quinquennat, pour consolider l’action du gouvernement, pour les Français à chaque étape de leur vie. »