Ils ont installé, pendant la Fiesta, leur caravane rouge et chaque soir de concert, ont accueilli les curieux avec leur mot d’ordre : "Yes, we camp !" Leur projet fou veut se greffer à la capitale européenne de la culture et doter Marseille d’un camping, au pied de la tour CMA-CGM. Ce rêve est emmené par une équipe "à géométrie variable" de huit personnes parmi lesquels Nicolas Destrie, Vaea Deplat, Arthur Poisson et l’agitateur culturel, Éric Pringels, l’un des fondateurs du Off.
Initiative écolo
"Parce que l’audace transforme la ville" : c’est l’une de leurs 30 bonnes raisons pour réaliser ce camping autant que le plaisir de "se doucher à 6 mètres de haut" ou "parce que les toilettes sèches, ça pue pas". Ils imaginent l’endroit comme "une solution d’hébergement originale, bon marché et écologique" qui sera aussi, 2013 oblige, "un lieu de vie culturelle, d’amusement et de production artistique". Une sorte de village dans la ville avec une programmation quotidienne. "On veut s’imposer comme un grand rendez-vous de 2013", lance Nicolas Destrie. Pour lui, il ne s’agit pas seulement d’investir le Dock des Suds dans sa partie ouverte, 4 000m² près de l’autoroute à garnir d’échafaudage pour offrir jusqu’au 240 places (de 10 € à 80 €) mais aussi d’inviter des créateurs en résidence, de concevoir un jardin potager, de tenir une épicerie, un atelier vélo. Bref, d’initier un espace collectif à animer d’avril à octobre 2013. Créneau pendant lequel le Dock des Suds pourrait leur laisser le champ libre.
"Nous créons une infrastructure qui permet la participation", disent les organisateurs, qui n’ont pas encore bouclé leur business-plan et décroché toutes les autorisations. Mais depuis ce terrain de 80 sur 50 mètres au coeur d’Euromediterranée, ils veulent lancer leur appel aux bras pour construire, aux artistes pour créer, et aux initiatives en tous genres.
Il leur faudra au moins 200 000 €, ils en ont déjà 50 000 promis par le Off, dont ils intègrent le programme et avec lequel ils promettent de "mutualiser". "On a besoin d’un apport financier de départ. Mais on est suffisamment mûrs et prêts pour construire", argumente Nicolas Destrie, qui cherche encore des mécènes. Le camping peut déjà compter sur le soutien principal de l’entreprise Layher, spécialiste des échafaudages qui met à disposition 800 m² de plancher.
Après un mois de construction, il faudra entre 15 et 20 personnes pour faire tourner le campement, du superintendant aux bénévoles.
Une aire de bivouac et de créativité
Une expérimentation citadine qui rime avec auto production, recyclage, bon voisinage (les promeneurs sont les bienvenus d’autant que le GR 2013 y fera halte mais l’accès serait payant) avec une fois par mois un temps de fête avec banquet, des week-ends thématiques. Sans oublier le crucial point de la sécurité (gardiennage par des pros 24h/24h) et le côté convivial, une cuisine qu’ils ambitionnent de dimensionner jusqu’à 200 couverts. "On veut se tourner vers le quartier, les salariés de la tour CMA-CGM pourraient venir manger ici...", espère Vaea Deplat.
"On est sur le créneau de faire du tourisme autrement, complète Éric Pringels pour ne pas faire peur aux hôteliers, il s’agit de vivre une expérience artistique totale". À l’image du festival Burning Man aux États-Unis, qui les a inspirés, ces étonnants campeurs veulent donner à penser sur le logement sous le parrainage de l’utopiste Yona Friedman mais de façon "joyeuse et simple". "Une grande exposition de l’habitat nomade éphémère et des moments de réflexions sur l’architecture performative temporaire", résume Éric Pringels. Leur ambition voudrait séduire les Marseillais : "On veut être le 113e village de Marseille", sourit Nicolas Destrie.
Rendez-vous ce 30 novembre pour leur première plateforme test.