Chaque jour, nous constatons que de plus en plus de personnes se déplacent sur des engins électriques. Alors que ces personnes nous semblent jeunes et valides. Cela nous attriste et nous nous demandons vraiment pourquoi ils et elles font appel à ces prothèses au lithium. En discutant ressortent tout un tas d’arguments plus ou moins convaincants :
« Le vélo c’est difficile ». C’est vrai, le vélo c’est difficile. Mais tu as pris quel vélo : celui qui couine et grince ? Des freins et des vitesses parfaitement réglés ? Celui qui trainait au fond du garage et que tu as à peine regonflé ? As tu déjà essayé de pédaler avec un vélo entrenu pour être un véhicule et pas un objet pour les loisirs occasionnels. Parfois un vieux vélo bien entretenu est bien mieux qu’un vélo neuf acheté en grande surface, méfie toi des paillettes ! Et au fait, ton vélo, il est : à ta taille ? adapté à ton usage quotidien ? Tu ne sais pas à quoi ça ressemble un vélo du quotidien ? Demande conseil à des personnes qui en font tous les jours, va chez un vélociste de ton quartier, va en discuter dans un atelier vélo participatif. Utilises-tu correctement tes vitesses ? Il n’y a pas de honte à ne pas savoir ça. Mais si tu participes à un cours de remise en selle ou demande conseil à des cyclistes chevronné⋅es, tu verras que ça peut faire la différence !
« Le vélo c’est fatiguant » C’est vrai. Il faut fournir un effort physique. La forme physique vient avec le temps. Au début il faut peut être y aller molo, se contenter de petits trajets. Mais tu verras avec le temps, on devient très en forme et on peut même réduire le trou de la sécu, économiser un abonnement en salle de sport et avoir un fessier de rêve ! Et rentrer à 2 heures du mat à la croix rousse après un concert à Grnd Zero devient trop fastoche … ou presque !
« je suis trop vieux pour ces conneries ! » Alors non. Nous pensons que la limite est la forme physique. Pas l’âge. On connaît des gens très bien de plus de 62 ans qui montent tous les jours à la Croix Rousse.
« le vélo électrique est un premier pas vers le vélo », mais est ce que le premier pas vers le vélo, ça ne serait pas …. le vélo justement ? Le préalable pour conduire un engin plus lourd et plus rapide (donc plus dangereux), quand on n’a jamais pédalé, est ce que ça ne serait pas de savoir maîtriser sa bicyclette : changer les vitesses à l’approche d’une côte, gérer sa vitesse, voir le piéton qui traverse, anticiper le conducteur qui s’apprête à ouvrir sa portière, … comment apprendre ça quand on est déjà à 25 km/h, les yeux rivés sur son tableau de contrôle de la batterie ? 
« Je transpire ». Tu peux essayer de pédaler moins vite, de t’arrêter au feu, de rajouter 5 minutes à ton trajet quotidien, … tu devrais trouver la solution !
« Ça monte ». Utilise tes vitesses et prends ton temps ! On y croit, tu vas y arriver ! Au pire tu pousses ton vélo pendant 10 minutes. C’est pas la fin des haricots.
« je fais des grands trajets ». Ok peut être qu’à partir de 25-30 km quotidiens ça peut se justifier. Surtout en périurbain. Après avoir essayé une bonne bicyclette bien sur !
« j’ai des enfants à transporter » : on peut vous présenter des parents qui transportent 2 enfants sans moteurs. C’est possible.
« Au magasin, on m’a conseillé ça ». on ne nous le dit jamais . Mais on se doute que ça doit arriver souvent. Faites vous confiance. Pour le prix d’un truc électrique, vous aurez un super vélo et une santé d’acier ! 
« J’ai la flemme ». Ah ben ça, on ne nous le dit jamais ! Alors que nous pensons que c’est la principale raison pour laquelle on voit des jeunes sur des machins électriques.
Au vu de tout ce qu’on peut lire sur le désastre environnemental que sont les mines de lithium et de terres rares, sur les conditions de travail des personnes qui extraient ces ressources et produisent les objets électriques et électroniques, sur l’effet rebond que nous pouvons attendre de cette nouvelle technologie, sur la durée de vie (trop courte) de ces objets, sur les filières de soi disant recyclage des batteries , ….. (on continue la liste ou pas ?)_ (là je pensais intégrer une série de liens vers des images, des articles, et des podcasts) je le fais vite _ 
En tant qu’Atelier vélo participatif, on pense aussi que le vélo est un formidable outil car son entretien est à la portée de toutes et tous, et accessible financièrement. C’est tout simplement une route vers l’autonomie et la liberté ! L’engin électrique, cher à l’achat, irréparable soi même, apporte finalement le même type de dépendance que la bagnole. 
Les collectivités, le Grand Lyon en têtemobilisent beaucoup d’argent public (le votre !) pour la subvention aux engins électriques : 500€ par vélo électrique ! La mobilité active ne serait elle pas mieux favorisée si ces aides touchaient un bien plus large public, sans même allourdir leur coût global (100 € d’aide pour 5 vélos, par exemple ) ? Les subventions publiques aident-elles le citoyen (incité à acheter un objet surdimmensionné) ou les industriels ?

Bref. Nous on se demande : Est ce que le coût humain et environnemental d’un tel engin électrique n’est pas disproportionné par rapport à son bénéfice ? 
Nous avons confiance en nos corps, en notre puissance, en nos forces pour assumer nos déplacements quotidiens ! Quelle joie et quel privilège que de se sentir capables, que de se sentir vivant⋅es !
Nous reconnaissons aussi que des personnes ayant des problèmes graves de santé, un métier qui les amène à transporter de lourdes charges à vélo, ou qui parcourent 40 km par jour avec du dénivelé, puissent avoir besoin d’une assistance électrique. Et c’est tant mieux si cela leur permet de garder la mobilité à vélo plutôt qu’en bagnole. Mais ça ne concerne pas la plupart des gens que nous voyons sur ces engins électrifiés et mortifères.
Notre souhait : continuer à vous voir pédaler et que ces engins ne soit vendus que sur ordonnance.
Alors vous allez nous dire : « oui, mais il y a des problèmes plus graves que ça ». Et vous avez raison !d’ailleurs, on ne vous a pas dit ?! Nous militons aussi pour : la voiture sur ordonnance, le smartphone à horaires d’utilisation limités, la retraite pour les centrales nucléaires, la production de légumes localement et en bio par des agriculteurices correctement rémunéré⋅es, la revalorisation des salaires des plus précaires, le maintien et l’amélioration des services publiques (hôpitaux, postes, écoles, …), plus de femmes mécano vélo, moins de béton, la lecture du « droit à la paresse » au lycée, … …